"Il serait aussi illusoire que vain de vouloir comprendre l'essence même du Japon en ne le voyant qu'à travers des images d'Epinal, telles que celles qui, sempiternellement, vous montrent des lutteurs de Sumô, des combattants d'arts martiaux, des geisha, des femmes en kimono ou des religieux zen."

(Le Japon, dictionnaire et civilisation, par Louis Frédéric)

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Fêtes
Symboles religieux
Cadeaux
Divers
Société
 
Pourquoi mettent ils des cerisiers en fleur partout, ainsi que la lune, des plumes qui tombent et j'en passe ?
   

 

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Cadeaux:

<<Chadai: petite somme d'argent remise à une auberge par l'hôte peu après son arrivée.

Chûgen: cadeaux rituels qui se font entre amis et familles vers le mois de juillet. Cette échange est amalgamé avec l'Urabon-e, le cadeau consiste généralement en gâteaux ou nouilles, destinés à être placés sur l'autel familial (Butsudan).

Hikidemono: cadeaux donnés aux invités après un repas célébrant un mariage, un anniversaire, etc., ils consistent le plus souvent en nourriture ou ustensiles portant le nom de l'invité. Il arrive que ces cadeaux soient luxueux, mais ils sont généralement plutôt symboliques, et donc modestes.

Mimai: paroles de sympathie ou cadeau fait à quelqu'un avant un évènement important, ou une catastrophe, un décès, etc. Ce mimai peut être fait par lettre, téléphone ou plus généralement une visite. En cas de visite on apporte un présent, là encore c'est le plus souvent de la nourriture.

Miyage: la coutume veut que lorsque vous revenez d'un voyage, vous rameniez quelque chose pour vos proches, un souvenir... c'est le miyage. On peut observer cette coutume dans Ranma 1/2: Ryoga ramène de ses errances des objets qui renseignent le lecteur sur les lieux où il s'est égaré. Pour d'évidentes raisons, ça ne fait rire personne en France. Remplacez Ryoga par un marseillais et son panda en peluche par une tour Eiffel et le sourire apparaîtra peut être sur vos visages. Une coutume similaire, le temiyage, veut qu'on apporte un petit cadeau (fruit ou pâtisserie) lorsqu'on rend visite à des amis ou parents. (toujours dans Ranma 1/2, tome 9 par exemple, on peut voir Ukyo rendre visite à Akané avec un paquet de ce type, décidément Rumiko Takahashi aime bien les traditions de son pays). Dans un conte, un prêtre ayant tué un Rokuro-Kubi (monstre dont la tête se sépare du corps) décide de garder la tête pour l'offrir en Myiage à un hôte. L'humour nippon...

Autres cadeaux: en fait, on se fait souvent des cadeaux symboliques dans ce pays. En dehors du temyage, et du myage, on offre des cadeaux à ses nouveaux voisins (allumettes, plat de nouilles), ou suivant les circonstances , voire la période de l'année. Ils sont présentés enveloppés dans un papier blanc entouré d'un cordon noué, il et de bon ton de ne pas offrir en retour un cadeau de valeur supérieure à celui offert, et il est impoli de l'ouvrir en présence de celui qui vous l'a offert (la scène de fin du film Black Rain nous en fournit un exemple). Il y aussi des règles de savoir vivre sur le nombre d'objets offerts, certains nombres japonais étant homophones de mots aux connotations désagréables.>>

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Société:

<<Femme japonaise (infériorité de la): oulalah, je vais me faire des tas d'amis. Plutôt des amies d'ailleurs. Je ne suis pas bien placé pour porter un jugement sur la question, mais de là où je me trouve, en France, il me semble que les femmes au Japon sont encore inférieures socialement aux hommes. Encore qu'en France, ça soit pas terrible non plus. Même pas 10% de femmes députés ? Gnyark, gnyark, gnyark. On parle de la parité hommes/femmes avant chaque élections, mais bien que les femmes soient 50% de l'électorat, elles ne votent pas pour un candidat femme (comme les hommes, c'est là que se situe leur égalité). Il y a là un paradoxe absurde, vous ne trouvez pas ? Hé, les filles, prenez le pouvoir, je ne vais  pas le faire pour vous  ^_^ ! Mais revenons au Japon pour parler de:

La famille: Le mari est théoriquement le chef de famille, mais son rôle y est pour le moins effacé. Il se borne à travailler pour entretenir sa famille, la femme s'occupant des enfants et de la maison (ça fait un peu cliché, mais c'est encore pas mal comme ça). Aujourd'hui encore, les mariages romantiques sont plutôt découragés. Hommes et femmes vivent finalement des vies assez séparées. En revanche il existe une réelle piété filiale envers les parents, mais qui va en s'amenuisant (Roujin Z critique la montée du dédain des japonais pour leurs parents, si vous pouvez le voir n'hésitez pas c'est hilarant). La condition de la femme va toutefois en s'améliorant, mais des progrès restent à faire.

Adoption: l'adoption a été et est encore courante au Japon. La particularité du Japon est que l'on peut y adopter un enfant ayant encore des parents ! C'est ce qui explique que de nombreuses personnes puissent avoir un fils portant un nom différent du leur. On pouvait par exemple adopter son gendre si l'on n'avait pas de fils pour prendre sa succession. Actuellement, une simple déclaration aux autorités suffit pour adopter quelqu'un. Même un étranger peut ainsi être adopté par son beau-père, si ce dernier n'a pas de fils.

Shi Nô Kô Shô: guerriers, paysans, artisans, marchands. A l'époque d'Edo la  société était divisée en 4 classes distinctes (on ne rit pas, à la même époque en France c'était le Rouge et le Noir, autrement dit les nobles, le clergé... et le "tiers-état"), donné ici par ordre d'importance. On notera comme principale différence que le marchand et l'artisan étaient plus mal lotis que le paysan, ce qui est différent de notre société indo-européenne où il était en bas de l'échelle sociale. Leur conception de la société est donc différente de la notre, bien que ces classe sociales n'existent évidemment plus... Il serait tout aussi faux de penser que les samuraï ont forcément une image positive au Japon. Aujourd'hui, c'est vrai, ils sont pour les japonais des symboles de leur passé et de leurs valeurs, mais bien des samuraï se sont attiré autrefois la haine de la population par leurs actes odieux (voir à Kirisute-Gomen), et c'est pourquoi les ronin, des ex-samuraï, peuvent eux aussi être des héros aux yeux de la population, pour qui ils travaillaient occasionnellement pour de l'argent ou même un repas (comme Jubei dans Ninja Scroll), particulièrement lorsqu'ils corrigent des samuraï insolents. De nos jours, le mot ronin est surtout employé pour désigner les étudiants ayant raté le difficile concours d'entrée d'une université japonaise, ainsi que pour un individu ne se conformant pas aux mœurs de la société  nippone (le mot est alors péjoratif).

Kirisute-Gomen: Certes, à l'époque d'Edo, la plus souvent utilisée dans les manga après l'ère moderne, il ne faisait pas bon vivre. Témoin cette loi autorisant les samuraï à tuer les gens irrespectueux. Cela ne s'appliquait qu'aux basses classes de la société, bien entendu. Le mot signifie "permission de couper", et le shogûnat pouvait en punir les abus, mais il n'usait guère de ce droit. Témoin en est la cruelle et imbécile coutume des essais de lame: il arrivait qu'un samuraï essaya le tranchant d'une lame neuve sur le premier passant rencontré. Interrogé sur ce point par son père lorsqu'il était enfant, Myamoto Musashi (voir à Littérature: Gorin-No-Sho / le Traité des cinq roues) lui aurait répondu "même un chat errant a sa vie, qu'on ne supprime pas par plaisir". Hélas, il avait l'esprit plus large que les gens de son époque...

Discrimination sociale: Non seulement ils détestent les coréens au point de préférer un enfant d'origine nippo-occidental à un nippo-coréen, mais en plus ils ont leurs hors-castes, tout comme les indiens ont leurs intouchables. Prenons le cas des hinin, ou "non-humains". Que tous ceux qui trouvaient le sort des juifs en Europe horrible se rassurent, au Japon aussi ils avaient leurs boucs émissaires: ils n'avaient pas le droit d'avoir un travail, et en étaient réduit à mendier. Ils remplissaient les tâches répugnantes ou "impures", étaient astreints à vivre en groupe, ne devaient pas porter de chapeau, etc. Appelés par dérision yotsunin, ou "hommes à quatre pattes", ce qui est très gentil. Un peu mieux lotis, les "etas", ou "impurs", les travaux impurs leur étaient réservés; certains pensent qu'ils étaient d'origine étrangère, pourtant rien ne permet de les distinguer des autres japonais. Bien sûr, ces classes sociales ont été abolies (on n'est plus au moyen âge), et le gouvernement japonais dénie leur existence. Pourtant on estime leur nombre à près de 3 millions, et il existe encore des japonais qui prétendent pouvoir les reconnaître à leurs manières et à leur langage. Avant d'accepter un mariage, les parents font parfois des recherches afin de savoir si le(la) prétendant(e) est d'origine Burakumin ("gens des villages", surnom affectueux rappelant l'époque où ils étaient parqués dans des quartiers à part). Ce qui pose (théoriquement, ha, ha) un problème moral pour le gouvernement. Tout ce blabla, je l'écris pour que vous compreniez mieux ce que signifiait appartenir à une sous-caste au japon (comme le héros de Kamui), pas pour que vous cassiez la gueule au prochain japonais que vous rencontrerez, et qui n'y est probablement pour rien (sauf pour les baleines, voir plus bas dans divers).

Kosoku: ensemble de règles rigides et parfois inutiles que doivent suivre les élèves des collèges et lycées japonais. Ces règles varient d'un établissement à l'autre, ils sont souvent mesquins et vexatoires, ayant pour but d'enseigner aux jeunes une totale conformité au groupe. Un peu comme les bizutages en Europe. Ces règlements ont été parodiés dans Ranma 1/2 dans l'épisode "la folie du principal", où il interdit aux élèves d'avoir des cheveux longs (y compris les filles). J'ai une question, cela dit: dans tous les animés où l'on peut voir un lycée, il a la même tête, à savoir un bloc avec une horloge centrale. Tous les lycées du Japon sont ils basés sur un  modèle unique ?

Wakon-Yôsai: "esprit japonais, connaissances occidentales", expression de la période Meiji prônant l'acceptation de la science de l'occident tout en conservant un esprit "national". Elle dérive de wakon-kansai, "esprit japonais, connaissances chinoises", une expression évidemment plus ancienne. Je cite cette expression car elle permet de mieux comprendre comment un pays comme le Japon peut mêler tradition et modernité sans trop d'état d'âme. C'est là quelque chose que je respecte énormément chez eux, et qui nous manque (ben oui, je leur trouve quand même des bons côtés, sinon pourquoi j'écrirais cette page ?). Par exemple dans certains laboratoires, ils prient pour le repos des animaux qu'ils ont du tuer. Plus bizarrement, il aura fallu attendre les années 90 pour qu'ils s'excusent vaguement de ce qu'ils ont faits aux coréens, mais bon... Ca doit être mon côté mesquin qui ressort ^_^ .>>

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Symboles religieux:

<<Gorin-Tô: "pagode à cinq roues" (go=5, rin=roue, tô=pagode) représentant les cinq "éléments". composés d'un cube (terre), d'une sphère (eau), une pyramide (feu), croissant (air), et enfin une boule pointue (éther). La roue est le symbole de la prédication bouddhique. Symbole bouddhique de l'univers (de la nature), orne les mausolées ou décore le sommet des poteaux autour des cimetières. Peut désigner le Shari-Tô, urne funéraire bouddhique servant à recueillir des reliques.

Shakujô: vous avez déjà du observer certains personnages portant un bâton muni à son extrémité supérieure d'un anneau dans lequel deux ou six autres anneaux étaient accrochés. Autrefois, certaines personnes pensaient que regarder un religieux bouddhiste portait malheur. Ce bâton assurait le même office que les clochettes/crécelles des lépreux en Europe: il avertissait les gens. Seuls les religieux importants et certaines divinités portaient six anneaux, qui représentaient les "six destinées de la transmigration"(ou rokudô).

Juzu: rosaire ou chapelet utilisé par les religieux bouddhiste pour réciter invocations et prières, notamment le nembutsu, composé de 54 ou 108 grains. Dans le cas du juzu à 54 grains, un grain "nul" est intercalé, permettant au récitant de revenir en arrière afin d'atteindre 108 invocations. Dans Saint Seiya, le chevalier de la Vierge utilise un juzu pour se défaire des 108 Chevaliers d'Hadès. A chaque grain, il en tue un. Efficace.

Kara-Shishi: "Lion de Chine", un des deux animaux mythiques représentés en sculpture à l'entrée des temples bouddhiques comme des sanctuaires shintô. Il est censé en être un gardien. Il a toujours la gueule ouverte, parfois tenant une boule. Il symbolise la puissance exprimée. Son vis-à-vis est appelé Koma-Inu, "chien de Corée", et a la gueule fermée, symbolisant la puissance latente. Ils sont censés effrayer les mauvais esprits.

Miko: ce terme désignait autrefois des femmes chamanes du Shintô. les miko sont aujourd'hui des jeunes femmes servant dans un sanctuaire, elles se reconnaissent à leur hakama  rouge et leur chemisier blanc (Sakura dans Urusei Yatsura, par exemple).

Nembutsu: invocation à Amida, répétition des mots "Namu-Amida-Butsu". On voit un prêtre réciter le nembutsu dans Kamui, c'est une prière assez commune, récitée pour les mourants et les morts.

Segaki: service religieux célébré à l'intention des gens réincarnés en Gaki, ou autres fantômes vengeurs... ce rituel bouddhiste est censé apaiser les âmes en colère.

Sotoba: longues planchettes votives, on en trouve dans les cimetières bouddhistes.

Torii: portique marquant l'entrée d'un sanctuaire shintô ou la proximité d'un lieu sacré. C'est aussi le nom d'un fanzine français.>>

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Pourquoi mettent ils des cerisiers en fleur partout, ainsi que la lune, des plumes qui tombent et j'en passe ?

<<Cerisiers/sakura: tout d'abord, je m'excuse par avance auprès de ceux qui ont déjà lu trente fois ailleurs ce que je vais dire maintenant. Bien. Les fleurs roses de cet arbre symbolisent l'impermanence de toute choses, et devinrent un des symboles du Japon. La vie des samuraï était  réputée être "aussi éphémère que la floraison des cerisiers". Le hanami, ou sakurami, est "la vue des cerisiers en fleurs": durant les quelques jours que durent la floraison, les Japonais se réunissent sous les arbres pour pique-niquer. C'est à cause de cette valeur symbolique qu'on retrouve ces fleurs si souvent dans les manga (parce que d'un point de vue terre à terre, ce phénomène dure moins d'une semaine par an, imaginez une B.D. française où ce serait tout le temps Noël, avec les sapins et la neige, ha, ha). Tiens, je suis de bonne humeur, je vais enfin dire quelque chose de gentil sur les Clamps:

Tokyo Babylon (histoire d'un fleuriste spécialisé dans les cerisiers): tout le monde connaît l'histoire, et ceux qui ne la connaissent pas n'ont pas envie que je la leur dise, alors qu'ils sautent donc quelques lignes. Dans Tokyo Babylon, on peut lire l'histoire de deux personnes qui se sont fait des promesses sous un cerisier en fleur. Cette histoire est à rapprocher des Liaisons dangereuses de Chaderlos de Laclos. Il s'agit d'une histoire passionnelle entre deux personnes qui se cachent leurs véritables sentiments, qui ne peut que durer un bref instant avant de finir mal... très mal. Remarquons la différence de nos symboles (chez nous, l'été, propice au développement de situations explosives, chez eux, le printemps, symbole de ce qui ne vas pas durer) qui illustrent pourtant la même histoire. D'ailleurs l'histoire finit pareil, une fille aimée du héros meurt, l'allié(e) du héros est défiguré(e) et exilé(e) pour prix de sa trahison... sniff.

Les floraisons se dispersent et tombent,

Dans notre monde, qui dure éternellement ?

Traversons plutôt les lointaines montagnes de l'illusion,

Et ne rêvons plus vainement ni ne nous laissons enivrer.

(Iroha, poème du 11e siècle, auteur inconnu, possède la particularité d'être écrit avec les 47 caractères du syllabaire kana)

Ce poème me permet d'enchaîner sur:

Mono no Aware: "choses propres à émouvoir", ce sentiment fugitif et diffus comprend une part de mélancolie et de regrets non exprimés, dû entre autre à l'impermanence de toute chose. L'admiration des cerisiers en fleurs, de la neige, d'un navire en partance, etc., sont des Mono no Aware. Ce concept a imprégné la culture nippone, et c'est pourquoi on en retrouve la trace dans les manga, qui ne sont après tout qu'un reflet de la société japonaise. >>

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Divers:

<<Baleines: il est temps de pousser un léger coup de gueule contre ces mécréants qui dépouillent l'océan de toutes ses baleines et qui viennent ensuite nous faire la morale avec Princesse "bouh, sauvez la forêt" Mononoke (avec la complicité de Mickey en plus, et son Tarzan "bouh, sauvez les bêbêtes")... en France on a exterminé les loups, les ours, et en grande partie les sangliers, mais on a arrêté de chasser les baleines: à chacun ses problèmes ? Notez que la "tradition" japonaise de chasser les baleines trouve son origine dans le fait qu'autrefois les Japonais prenaient la baleine pour un poisson (il parait que c'est encore le cas d'un américain sur trois) et n'appliquaient donc pas à son égard les interdits alimentaires relatifs aux mammifères. Elle a bon dos la tradition. Aujourd'hui ils chassent la baleine pour des raisons de "recherches scientifiques". Et mon cul, c'est du poulet ? En France, la peur du loup est quant à elle liée à notre incapacité à admettre qu'un prédateur puisse nous disputer la dominance territoriale, incapacité confinant à la terreur superstitieuse chez les éleveurs et les chasseurs (si tant est qu'on puisse appeler chasseur quelqu'un capable de confondre une voiture avec un sanglier; on ne rit pas, c'est arrivé dans ma région) et qui les poussent à fantasmer sur les capacités de ce diabolique animal. Pour résumer, cette brave bête massacrerait sauvagement six mille moutons par an: il n'y a que vingt loups en France, je vous laisse faire le calcul. Il y en a deux mille en Italie, ils devraient donc tuer 600 000 moutons par an... on s'en serait aperçu.

Maneki-Neko: "chat qui appelle", figurine populaire représentant un  chat assis levant la patte droite, ils appellent la bonne fortune... et la clientèle lorsqu'ils sont placés devant la devanture d'un magasin. On peut en voir un dans l'émission Génération Albator (wow, mes références sont de plus en plus médiocres).

Manga et politique: dans les mangas, on évite de prononcer le nom d'un vrai pays. De toute évidence, les mentions "toutes ressemblances avec des ... seraient fortuites", ils ne connaissent pas. Ceci dit, je voulais parler de politique éditoriale, pas de politique tout court, si vous voulez un cours de géopolitique mâtinée de macro-économie, lisez donc une oeuvre de Shirow Masamune. Bref. Chez nos très lointains voisins on ne voit pas la B.D. du même oeil qu'ici:  38% des publications annuelles des éditeurs, tous genre confondus, sont des manga. Il y a 2,3 milliards de manga publiés chaque année, "l'industrie" du manga représente un CA de 7 à 9 milliards de dollars (42 à 54 Md de francs) et cela au seul Japon. Ils sont pré-publiés, comme les B.D. l'étaient quand j'étais jeune, et comme elles n'auraient jamais du cesser de l'être (le journal de Tintin). Donc, quand vous achetez le volume complet, vous savez déjà que l'histoire vous plaît, et l'éditeur sait déjà que ça va marcher... quitte à demander à l'auteur de presser  le citron comme pour Akira et de rajouter quelques 800 pages imprévues à l'origine, puisqu'il sait qu'il y a un public. Ces dernières années le manga est devenu un genre qui s'essouffle (surtout l'animation, qui revient chère par rapport à ce qu'elle rapporte), les japonais semblent être en mal d'inspiration; il faut dire qu'ils ont déjà fait à peu près tout ce qui pouvait se faire. Aussi ont ils fait appel à des étrangers, dont plusieurs français, pour sortir des mangas "différents", se démarquant de la masse. Pour l'instant ça serait plutôt un échec, le public ne semble pas accrocher (faut dire que quand on voit des horreurs comme La Mouche, on est en droit de se demander où les éditeurs ont été dénicher leurs auteurs). Mais bon, peut être que ça va venir. Hormis l'anecdotique "La Mouche", on trouve aussi "Icare", BD scénarisée par Moebius et dessinée par un japonais (Jiro Taniguchi, auteur de "le chien Blanko", je ne connais pas). Il est sorti au Japon en 1997, je ne sais pas ce que ça a donné, je n'en ai plus réentendu parler. Si quelqu'un sait, qu'il m'écrive. Il semblerait que les éditeurs insistent auprès de ces auteurs pour que leurs oeuvres soient manganisées de manière à plaire au public, public qui, ne voyant pas de différence avec ce qui ce fait déjà, continue d'acheter ce qui se fait déjà. CQFD. 

La Mouche (pour les rares que ça intéresse): je vais me référer à Télé 7 jours, grand journal de culture et d'information si il en est, pour vous toucher deux mots sur cette BD devenue un dessin animé, et qui a fait un flop au Japon pour des raisons qui me semblent évidentes. A 16H40 sur Télétoon, cette série d'animation française crée par  S.Kaminka et Lewis Trondheim (l'auteur de la BD) "fait le bonheur des enfants" (je cite). Cette série a remporté l'Ithème du meilleur dessin animé, une récompense pour le câble et le satellite, preuve éclatante du désert vide de vie qu'est devenu le dessin animé européen. Tant mieux pour l'auteur, jeune talent découvert grâce à son héros "Lapinot, dont chacun des sept albums (Dargaud) s'est vendu à près de 7000 exemplaires". Je n'ai rien à ajouter, vous êtes assez vieux pour vous faire une opinion vous même.

Miroirs: "Kagami", les vieux sont le plus souvent ronds, face polie et bouton percé au dos et traversé d'un cordon, et surtout, ils sont en bronze, pas en verre ! (le détail qui tue) Il en existe sinon de toute sorte, dont les "miroirs magiques" (oni-kagami), des miroirs dont la surface polie présente des dessins divers sous une certaine lumière, couverts de buée, etc. (on en voit un dans un épisode de City Hunter/Nicky Larson). Le miroir Yata no kagami est un des trois trésors divins offerts à l'empereur par les kami, avec le sabre Ame no Murakumo no Tsurugi et des "bijoux" (Yasakani no Magatama).

Mon: insigne familial. Utilisé à l'origine par les samuraï pour se reconnaître sur les champs de bataille, son usage se répandit, chaque famille adoptant son mon particulier. Même les villes et les corps administratifs possèdent leur propre mon. Les vêtements de cérémonie doivent porter le mon familial en cinq endroits du vêtement, sur les revers, dans le milieu du dos et sur les manches.

SDF et Robotech: puisqu'on y est parlons donc de propagande militariste. Le SDF-1, ça vous dit quelque  chose ? SDF est le sigle anglais du jieitai, les "forces d'autodéfenses" japonaises, il signifie Self-Defense-Forces. Cette armée moderne ne dispose évidemment pas d'armes nucléaires, et n'est autorisée à intervenir à l'extérieur du pays que comme force auxiliaire des casques bleus. Les Etats-Unis aimeraient lui faire jouer un rôle militaire dans le Pacifique, mais les Japonais se montrent pour l'instant réticent à accéder à leur demande.

Shûmon aratame: si un jour quelqu'un vous sert une de ces idées reçues sur le bouddhisme, style "c'est la seule religion qui n'ait pas fait de guerre / pas persécuté les gens / mangez des graines à oiseaux / développez vos pouvoirs psioniques / allez voir BattlefieldEarth, etc.", parlez lui du Shûmon aratame, inquisition religieuse ayant pour but d'éradiquer le christianisme et si nécessaire les chrétiens, un peu comme l'inquisition espagnole poursuivait les juifs. Les chrétiens devaient abjurer leur religion ou mourir, s'inscrire à des temples bouddhiques (les étoiles jaunes n'étaient pas encore à la mode), piétiner des symboles chrétiens pour prouver leur bonne foi, etc. Cette persécution, commencée à l'ère Edo (1616), ne cessa qu'en 1873.

Uniformes (Seifuku): historiquement, le Japon a toujours aimé les uniformes. La coutume semble avoir été introduite en 604 à la cour impériale, c'est dire que c'est vieux. Notamment, certaines cérémonies requièrent le port d'un uniforme spécial. Aujourd'hui, chaque corps de métier possède son uniforme, ou au moins son style vestimentaire propre. Les costumes des écoliers, eux, sont copiés sur ceux des écoliers allemands du 19ème siècle, mais ont pas mal évolués depuis leur introduction. Et c'est pourquoi on peut voir tant de personnages de manga en uniforme d'écolier.

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